Brûlée au centre-ville de Beyrouth, une tente renaît sur la Toile

Posted by: Marwan Wehbe Category: Press Comments: 0

OLJ / Par Claude ASSAF, , mis à jour à 29 avril 2020 à 00h05

L’engagement civique pour l’élaboration d’un État à même de mener des politiques économiques et sociales hors de toute considération confessionnelle et clientéliste ne peut être supprimé par les actes de destruction d’individus obscurantistes. En décembre dernier, quand a été incendiée la tente du Civic Influence Hub (CIH) dressée au centre-ville de Beyrouth et dans laquelle se tenait chaque jour depuis le 17 octobre une séance de dialogue autour de sujets nationaux, les fondateurs de l’ONG ont réfléchi à une alternative pour continuer à catalyser les idées d’une bonne gouvernance qui consacrerait la dignité humaine et les droits individuels. En février, alors que l’épidémie de coronavirus se répand, ces hommes d’affaires, dont Fayçal Khalil, Mounir Yehia et Élie Gebrayel, se mobilisent pour parfaire une logistique permettant l’organisation sur l’application Zoom de visioconférences hebdomadaires, dont la deuxième se tient aujourd’hui à 16h. « Le thème du jour est “La révolution face aux défis – Constantes et choix” », indique la chargée de communication du CIH, Dalal Abi Haïdar, contactée par L’Orient-Le Jour. La séance, au cours de laquelle interviendront les activistes, le Dr Antoine Corban et Youssef Mortada, journaliste, sera modérée par l’analyste politique et économique Sami Nader, conseiller du conseil d’administration du CIH. Y sera évoquée notamment la nécessité d’un gouvernement composé de spécialistes indépendants et doté de compétences exceptionnelles en vue d’organiser des élections législatives anticipées. Pour participer aux visioconférences, il suffit de cliquer sur ce lien dès 16h depuis un ordinateur, ou sur celui-ci depuis un smartphone Android, ou encore sur ce lien depuis un iPhone. Si l’on souhaite regarder la séance en direct sans vouloir y prendre part sur Zoom, il suffit d’entrer sur Facebook et d’aller sur la page de « CIH Lebanon ».

Articulée autour du « Plan économique du gouvernement – Réformes et défis », la première séance, datée du 22 avril, a été émaillée de propositions pour un plan économique gouvernemental présentées par des experts en la matière. La visioconférence a été suivie par non moins de 65 activistes aux quatre coins du pays, dont plusieurs ont pris la parole grâce à la coordination de M. Nader.

État civil

Fondé en 2012, le CIH organisait, bien avant le mouvement de contestation populaire, de multiples débats et tables rondes sur des sujets relatifs à la question de l’élaboration d’un État de droit fondé sur l’égalité des chances entre les citoyens. Depuis sa création, l’organisme prône l’instauration d’un État civil, réclame l’application de l’article 95 de la Constitution qui abolit le confessionnalisme politique, et effectue de nombreuses études montrant que ce système est à la base de la corruption et du partage des parts. Ces études sont basées sur des discussions avec de nombreux acteurs de la société civile, notamment des représentants d’étudiants, d’ordres professionnels, de syndicats et de municipalités.

Au déclenchement du mouvement du 17 octobre, les responsables de CIH ont poursuivi leur mobilisation en choisissant cette fois d’installer une tente sur le terrain plutôt que de continuer à se réunir dans les salles de conférences et d’hôtels. Les thèmes abordés étaient annoncés en boucle sur les réseaux sociaux et attiraient à chaque fois près de 150 personnes. Le thème « La neutralité, un concept stratégique pour que le Liban prospère à nouveau », prévu le 10 décembre, n’a pas eu l’heur de plaire à certains. « Le sujet a été mal compris par certains qui nous ont accusés de prôner la normalisation avec l’État d’Israël », regrette Mme Abi Haïdar. La conférence avait alors été interrompue par des individus ayant fait irruption dans la tente. Ils y sont revenus le lendemain à minuit et l’ont mise en feu.